
Nelly Alard est l’auteur de Crieur de nuit, prix Roger Nimier 2010, et de Moment d’un couple, prix Interallié 2013.
Qui êtes-vous Nelly Alard ?
Quel challenge, résumer en quelques phrases ce qu’il m’a fallu si longtemps pour découvrir !! Bon. Essayons. D’un point de vue génétique, du côté maternel comme paternel mes ancêtres sont bretons depuis la nuit des temps, mon père côté sud (Lorient), ma mère côté nord (Morlaix), quant à moi j’ai grandi à Brest.

C’est une photo de la pièce « Amphitryon » de Molière mis en scène par Jacques Lassale avec laquelle j’ai fait une tournée dans les pays de l’Est en 1988-89. »
Passionnée par le théâtre dès ma plus tendre enfance sans savoir comment ça m’est venu puisque je n’y avais jamais mis les pieds, j’ai passé mon enfance à lire des livres pas toujours de mon âge, à jouer à la princesse et à apprendre par coeur des scènes entières de Corneille en jouant tous les rôles. Mais comme j’étais, par ailleurs, bonne en maths et que devenir actrice, dans ma famille, était à peine plus une option que devenir princesse, j’ai fait des études scientifiques et j’ai intégré une école d’ingénieurs à Paris.
Et là que commence l’aventure du cours Florent…
Oui j’ai rencontré pour la première fois, au Cours Florent des gens qui envisageaient sérieusement de faire de la comédie leur métier. Et que je me suis dit : pourquoi pas moi? Donc sitôt mon diplôme obtenu, j’ai passé le Conservatoire de Paris, j’ai été reçue et je suis devenue comédienne. La suite – mes bonheurs et ma désillusion quant au métier d’actrice, ma brève carrière à Hollywood, mes innombrables rôles de «veuves suspectes» dans des séries télé et comment je suis venue à l’écriture – je la raconte dans «La vie que tu t’étais imaginée».

Autoportrait Nelly Alard (site web Perso 🔝)
Aujourd’hui vous êtes romancière…
Oui, pour mon plus grand bonheur, je suis romancière et scénariste pour la télévision, deux formes d’écriture qui se complètent et s’équilibrent merveilleusement bien, je vis toujours à Paris, j’ai trois grands enfants que j’adore, et je n’éprouve plus du tout le sentiment d’imposture que j’ai trimbalé si longtemps… Bref, «après bien des années d’errance», comme le chante Barbara, j’ai (enfin) l’impression de savoir qui je suis et d’être à ma place !
Il est temps de vivre la vie que tu t’étais imaginée » Henry James
Très jolie citation en introduction de votre roman… qui fait un peu écho à votre propre vie non?
cliquez ici Trailer réalisé par Nelly Alard 👏🏻
Ce livre est l’histoire d’une enquête que j’ai menée tout au long de ma vie (à mes moments perdus, je vous rassure, pas à plein temps…) pour tenter de percer le mystère de «L’enfant de Sassetôt», cet enfant secret que l’Impératrice Elisabeth d’Autriche (Sissi) aurait mis au monde clandestinement en Normandie lors d’un séjour de chasse.

Cette enquête très personnelle sur l’énigme de « l’enfant de Sassetôt » est son 3ème roman…. « pure légende » ? quel suspens pour ce « Romanquête » !
EDITIONS GALLIMARD
Décembre 2019 – 460 pages 21€
dispo en ebook sur vos plateformes habituelles
Tous les historiens s’accordent à dire que c’est une pure légende, et que la comtesse Zanardi Landi, qui prétendait être cet enfant caché, était une mythomane, ce dont moi-même j’étais assez convaincue. Mais ce qui m’intéressait particulièrement dans cette histoire était que cette comtesse Zanardi Landi avait eu une fille, Elissa, qui était devenue une star à Hollywood dans les années 30, à la fois princesse et actrice donc, réunissant à elle seule tous mes fantasmes de petite fille. Mystérieusement, bien qu’elle ait travaillé avec les plus grands (Cary Grant, Humphrey Bogart, Laurence Olivier…)

Elissa Landi n’avait laissé aucune trace dans l’histoire du cinéma et lorsque j’ai commencé mes recherches il n’existait sur elle que quelques articles des journaux « people » de l’époque qui mentionnaient comme un fait avéré qu’elle était la petite fille de l’impératrice Elisabeth.
Elissa Landi au piano avec Lewis Stone dans le film « Always Goodbye »
Et votre enquête change de cap comme si il lui poussait des ailes…
et trouvent des trésors cachés depuis plus de 50 ans!
Mon enquête en serait sûrement restée là faute d’éléments nouveaux si grâce au développement d’Internet, je n’avais pas retrouvé la trace de la fille d’Elissa Landi, Caroline, une Américaine de 70 ans qui vit à New-York et qui m’a ouvert toutes les archives et la correspondance familiale, me confiant très explicitement la mission de découvrir enfin la vérité sur cette affaire, dont elle ne savait elle-même pas grand-chose. D’autant plus que sa mère, Elissa Landi, était morte alors que Caroline n’avait que quatre ans et qu’elle n’avait d’elle aucun souvenir.

J’ai donc entrepris d’écrire ce livre, d’une part pour livrer le récit et les conclusions de mon enquête, mais aussi – surtout, peut-être – pour raconter à Caroline l’histoire de sa mère, Elissa Landi, et de sa grand-mère, la comtesse Zanardi Landi, qui se sont révélées être deux personnalités incroyablement attachantes et dont les vies entrent en résonance, à bien des égards et de manière très troublante, avec la mienne…

… d’où la coloration très intime et personnelle de ce récit. Ce qui explique que ce livre soit si important pour moi … Et aussi si difficile à résumer! (rires)

Mon avis, chronique littéraire qui ne s’arrête jamais tant j’ai à dire, tant j’ai aimé ce livre, ces destins de femmes passionnées, impressionnantes, toutes… mêlées intimement à la vôtre Nelly Alard !
Cliquez pour lire ma Chronique sur Instagram
C’est très différent de ce que vous écrivez habituellement…
Oui, sans aucun doute, bien que je n’ai à proprement parler aucune habitude en la matière. Je n’ai écrit que trois romans, tous trois très différents les uns des autres. Mais celui-ci par sa complexité même et son imbrication avec ma propre vie, est un objet unique. Je n’écrirai certainement rien d’autre qui y ressemble.
Vous êtes modeste, Nelly, c’est tout à votre honneur, justement comment le classer celui-ci? Biographie? Documentaire historique? Autre?
Autre !! J’aime bien «romanquête»… Cela dit, je n’ai rien inventé. En mêlant une part autobiographique au récit d’une enquête et d’une écriture, je marche quand même sur les traces d’un Emmanuel Carrère avec son Roman russe, d’un Laurent Binet et son Hhhh, d’un Philippe Jaenada…
Votre livre a reçu un excellent accueil Nelly je repense notamment aux chroniques élogieuses d’Olivia de Lamberterie à TeleMatin et dans le magazine ELLE , qui m’a donné envie de vous découvrir d’ailleurs…
Modestie à part, mes deux premiers romans ont tous deux en leur temps eu d’excellentes critiques et, « Moment d’un couple » s’est en outre très très bien vendu – beaucoup mieux que celui-ci, j’en suis malheureusement assez sûre, surtout compte tenu de la situation actuelle. Mais il est vrai que celui-ci déclenche un enthousiasme particulier de la part des gens qui l’apprécient, et qui sont sensibles à son aspect très personnel et inclassable. J’en suis évidemment très heureuse, car c’était loin d’être gagné d’avance…

Ce livre ne ressemble à rien tant il est singulier. » Olivia de Lamberterie
C’est un « Happy endings » !
Ecrivez-vous un nouveaux roman ? d’un nouveau genre encore peut-être ?
Trop tôt encore… Je joue avec quelques idées mais pour le moment je vais reprendre mon activité de scénariste et travailler en particulier à l’adaptation de « Moment d’un Couple » en mini-série pour la télévision. Et surtout, je peaufine avec ma traductrice Grace Mac Quillan la traduction en anglais de «La vie que tu t’étais imaginée» afin que Caroline puisse le lire…
Un mot sur votre vie confinée ?
Non, comme beaucoup d’auteurs doivent vous le dire, le confinement n’amène pas de très grands changements dans ma vie. Je travaille (presque) autant que d’habitude, mais je passe beaucoup plus de temps à désinfecter les courses et à coudre des masques en tissu pour ma famille et mes amis !

Peut-on lire et écrire en même temps…
C’est le problème. C’est difficile.
Et sur le haut de votre pal c’est lequel?
Ma pile de livres à lire est toujours aussi impressionnante, car à mesure que je lis de nouveaux livres se rajoutent. Par exemple cette semaine j’ai lu (avec grand plaisir) les livres de Tatiana de Rosnay, Frédérique Deghelt et Shumona Sinha, invitées comme moi à La Grande Librairie en mode «confiné» (voir vignettes en bas de page). J’avais déjà lu et apprécié celui de Gaëlle Nohant qui faisait partie de la première sélection de prix Anaïs Nin dont je suis la co-fondatrice avec Capucine Motte. J’ai tout de même réussi à relire, en anglais, Washington Square d’Henry James et The Great Gastby de Fitzgerald, pour me réimprégner de la musique de la langue au moment de relire la traduction de mon livre. Mais je rêve d’avoir le temps de relire les grands classiques que j’ai aimés et confinement ou pas, je n’en trouve jamais le temps…Donc sur le haut de ma pile j’ai toujours la Cousine Bette et Splendeurs et Misères des Courtisanes – mais aussi le livre d’Olivia de Lamberterie «Avec toutes mes sympathies » que j’avais raté au moment de sa sortie et que j’ai très très envie de lire avant tout le reste.
Et les Réseaux Sociaux on en parle? Nouveau support d’écriture ou de promotion?
En fait je suis toute nouvelle sur les réseaux sociaux. J’ai résisté jusqu’en décembre dernier où je me suis décidée à les utiliser pour la promotion de mon livre et je m’en félicite aujourd’hui car au vu des circonstances actuelles, heureusement que vous êtes là! Donc ma blogueuse et instagrameuse préférée… c’est vous ! Et Agathe-the-book, qui m’a fait la première une très jolie critique sur son blog, et que je remercie ici, ainsi que Dan Burcea, les Miscellanées de Cookies, les lectures de Marie et tous ceux/celles que j’oublie …
Nelly je vous remercie infiniment et je vous souhaite plein de courage jusqu’à la fin du confinement et pour vos projets en cours! On croise les doigts pour un succès croissant de «La vie que tu t’étais imaginée» et le retour à une vie culturelle et littéraire qui nous manque tant!